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Témoignage d'Oriana Attia, infirmière puéricultrice en néonatalogie à Saint-Denis: « Nous aidons les parents à devenir parents »

Oriana Attia, 33 ans, a été formée à l’Institut de formation en soins infirmiers (IFSI) de Saint-Denis, avant d’être embauchée à Delafontaine en décembre 2011, en néonatalogie. Un service où elle est retournée après une reprise d’études pour être infirmière puéricultrice.

Infirmière, une vocation ?

Si Oriana Attia a passé pour l’heure l’essentiel de sa carrière avec des nouveau-nés, c’est en prenant soin de ses grands-parents, au crépuscule de leurs vies, qu’est née son envie de faire ce métier. « Ma tante était également infirmière à Delafontaine. La voir prendre soin de mon grand-père me fascinait, je voulais toujours l’aider », se souvient la professionnelle. Après un stage en néonatalogie en deuxième année à l’IFSI, elle trouve « son » service. « Je m’y suis sentie à l’aise, je peux être relativement stressée et très carrée dans mes soins. Pour moi, les règles sont les règles, c’est très important de les respecter. Ici, j’ai pu mettre tout ça en place ».

Oriana Attia cultive beaucoup l’aspect relationnel avec les parents, d’autant que dans son service les hospitalisations sont longues. « Quand on devient infirmière, c’est pour aider les gens. Ici, les naissances sont brutales, traumatisantes parfois pour les familles. Nous prenons soin des bébés alors que ça devrait être eux : tout notre travail est de leur redonner leur place, de les rapprocher tout en aidant leur enfant à survivre. Nous aidons les parents à devenir parents. Ça n’a pas de prix, de les voir repartir avec le sourire aux lèvres. »

Quelle vision du métier ?

« Notre métier est essentiel, c’est ce qui fait qu’on tient bon », estime Oriana Attia. Il n’en demeure pas moins que parfois, c’est difficile. En particulier quand les nouvelles ne sont pas bonnes, concernant « le devenir du bébé ». Dans ces moments-là, Oriana Attia se doit « d’être forte. C’est dur. Pour moi, tous les bébés sont précieux ».

Pour la soutenir, elle a son équipe, justement. « Le soutien, l’entraide des collègues est inestimable. C’est comme une famille même si ce n’est pas facile tous les jours, surtout ces dernières années. Nous avons aussi plein de moments de joie et c’est ce qui me fait rester ici. Je ne sais pas si je retrouverai ça. C’est un service dur de par son rythme, mais les professionnels qui sont là ont la vocation, même si je n’aime pas trop ce mot. Les moments éprouvants ne se vivent jamais seules, même si on court partout, même en sous effectifs : si vous réclamez de l’aide, quelqu’un viendra toujours. En plus, la psychologue du service nous aide beaucoup dans les moments de deuil ou quand il y a des abandons, par exemple. »

Quel avenir pour le métier ?

Consciente de la crise des vocations, Oriana Attia regrette que son service « soit méconnu. Ça me paraît essentiel de découvrir ça en stage ». Le Covid, selon elle, en a incité plus d’un « à se redécouvrir. Moi-même, j’ai eu des doutes, récemment », reconnaît Oriana Attia. Et puis « c’est passé ». Quant à son avenir, Oriana Attia l’a déjà planifié en prenant le chemin de l’école de puériculture, grâce au système de promotion professionnelle* il y a peu. « Je me sentais limitée, je voulais acquérir plus de compétences ». Si elle quitte l’hôpital, ce sera pour travailler en crèche ou en Protection maternelle infantile (PMI). « L’école de puéricultrice m’a apporté une ouverture supplémentaire. On ne prend plus l’enfant en charge à l’instant T, mais en prenant en compte l’entourage : les parents, la fratrie, l’après-hospitalisation, le retour à domicile etc. J’ai plus de recul, de distance. Avant, je me précipitais pour faire les choses, aujourd’hui ma vision a changé. »

*Le centre hospitalier prend en charge la formation du personnel, sur dossier. En contrepartie, ceux qui ont été sélectionnés s’engagent à servir l’hôpital pour une durée égale au triple de leur formation, dans la limite de cinq ans.