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Témoignage de Sandra Irasque, infirmière aux Urgences à Delafontaine : « Ce métier nous fait grandir »

Après avoir été formée à l’Institut de formation en soins infirmiers (IFSI) de Compiègne, Sandra Irasque, 29 ans, est infirmière aux Urgences de l’hôpital Delafontaine depuis octobre 2021.

Infirmière, une vocation ?

« D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu faire ce métier », confie Sandra Irasque. « Pendant ma terminale, je travaillais en maison de retraite en plus, comme faisant fonction d’aide-soignante car je n’étais pas diplômée ». Après avoir débuté sa carrière dans une clinique privée dans l’Oise, c’est « un tournant » dans sa vie qui a décidé la jeune femme à changer de région et de travail. Postuler à Saint-Denis n’a pas été un choix par défaut : « Professionnellement parlant, cela pouvait m’apporter beaucoup. Ici, j’apprends plein de choses. Je ne connaissais pas la drépanocytose, je ne savais pas non plus ce qu’était le paludisme. Nous faisons aussi beaucoup de social, avec des SDF, des réfugiés, des sans-papiers etc. »

Même l’épidémie de Covid n’a pas altéré sa motivation. « Quand on fait ce métier, on s’attend à ce qu’il y ait une catastrophe, une pandémie, ce genre de choses », souligne Sandra Irasque, pour qui le manque d’informations et d’explications sur l’épidémie a été « le plus insupportable ».

Quelle vision du métier ?

Si Sandra Irasque a choisi ce service, c’est aussi grâce à ses possibilités d’évolution, tant aux urgences qu’au SMUR. Dans sa tête, elle voit loin. D’ici une quinzaine d’années, elle se verrait bien passer un diplôme pour devenir Infirmière anesthésiste diplômée d’Etat (IADE), ou cadre de santé. En fin de carrière, c’est du côté d’un Institut de soins infirmiers (IFSI) qu’elle s’imagine, afin de transmettre ses acquis. « J’aime accroître mes connaissances, donner du sens à ce que je fais, savoir pourquoi je fais les choses, c’est très important pour moi. Dans mon équipe médicale, ils sont très pédagogues, on apprend beaucoup en termes de technicité. Combien de fois je me suis posée avec eux pour leur demander des explications que je n’avais pas bien compris ! » Même si ce n’est pas facile tous les jours, « j’adore mon boulot », s’enthousiasme Sandra Irasque. En grande partie grâce aux retours positifs des patients, de leurs familles aussi. « Les remerciements, c’est important. On fait ce métier pour voir de la gratitude dans les yeux des gens, en particulier quand nous sommes parvenus à soulager leurs douleurs. » En outre, « ça fait toujours plaisir de voir que certains évoluent, s’en sortent, notamment des Sans domicile fixes qui reviennent nous voir alors que leur situation évolue, et qu’ils vont mieux. »

Quel avenir pour le métier ?

Quand on lui demande si elle imagine à quoi pourrait ressembler une société où les métiers du soin n’auraient plus leur place, Sandra Irasque élude.

« J’y réfléchis des fois, mais j’arrête vite, je préfère mettre des œillères. C’est comme pendant la Covid, on ne sait pas où on va, mais on y va quand même. C’est mon métier, je le fais, et on verra jusqu’où on est capables d’aller. » Cela étant, il existe une condition préalable à ses yeux pour les gens désireux de travailler dans le soin : aimer aider l’autre, être généreux, empathique. Garder dans un coin de sa tête que « demain, ça peut être nous ou l’un de nos proches qui seront accueillis à la place des patients ». Sans cela, la professionnelle « ne pense pas que l’on puisse s’épanouir dans ce métier, et cela se ressentira ». Avec l’expérience et le temps, en travaillant dans des services psychologiquement éprouvants, « notamment l’oncologie », Sandra Irasque se sent forte. « Il y a des situations qui nous touchent plus que d’autres. Mais tout ça nous fait relativiser. Ce métier nous fait grandir. »