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Témoignage de Carmen Martinez et Judio Goolam, IBODE et IADE à Delafontaine : « Les patients ont tous une histoire à raconter »

A l’origine, Carmen Martinez et Judio Goolam étaient IDE. Après avoir l’un comme l’autre repris leurs études, ils sont devenus respectivement Infirmière de bloc opératoire diplômée d’Etat (IBODE) et Infirmier anesthésiste diplômé d’Etat (IADE).

Infirmiers, une vocation ?

Elle fête cette année ses trente ans de carrière à l’hôpital Delafontaine. Carmen Martinez, après des études en soins infirmiers à Grenade, en Espagne, est arrivée en 1993 à Saint-Denis. « Tout ce qui tournait autour de l’hôpital m’a toujours intéressée. Je suis très vite devenue infirmière faisant fonction d’IBODE, avant de repartir à l’école, en 1997, pour me former ».

Une IBODE, c’est quoi exactement ? « Nous nous occupons de la sécurité du patient, de l’environnement, de la qualité des soins, de l’hygiène dans le bloc opératoire, jusqu’aux actes opératoires, pour aider le chirurgien. L’IBODE est instrumentiste et aide opératoire. »

Judio Goolam, de son côté, est infirmier diplômé depuis 2013. Arrivé l’année suivante à Delafontaine, par le biais de l’intérim, il a décidé de rester, d’abord en pneumologie infectieuse puis en réanimation. En 2020, il a repris des études afin de devenir IADE, à l’AP-HP. « C’est un métier très spécifiquement axé sur l’anesthésie. Nous pouvons aussi pratiquer l’intubation. C’est un stage en bloc opératoire, lors de ma formation, qui m’a donné envie de faire ça : j’ai aimé le relationnel avec le patient, le niveau de connaissances que ça demande, la technicité etc. » De là à parler de vocation, c’est un pas qu’il ne franchira pas. « Ce mot est très lourd, je ne pense pas qu’on soit fait pour quelque chose… je voulais d’abord prendre soin de l’autre. J’ai fréquenté les hôpitaux quand mon père était malade. J’ai réellement apprécié l’humanité avec laquelle les soignants l’ont pris en charge. »

Quelle vision du métier ?

La fierté qu’il éprouve à faire son métier réside dans sa capacité à « s’adapter en toutes circonstances aux situations d’urgences, mais aussi par rapport à la pénibilité du travail, le manque de personnel. Ce qui nous donne envie de venir, c’est qu’on sait qu’on va aider quelqu’un : les gens qui viennent ici, ils n’ont pas choisi d’être malades et nous allons contribuer à leurs soins ». L’IADE, Franco-Malgache, apprécie de surcroît le côté très diversifié du métier, doté d’un relationnel « très fort avec les patients qui nous apportent énormément. A Saint-Denis, il se dit que les gens sont difficiles ou violents, je ne suis pas du tout d’accord. Evidemment il y a des exceptions mais les personnes que l’on soigne, pour la plupart, nous apportent une vraie richesse. Ils ont toujours des histoires à raconter. Une collègue disait : quand on vient à Delafontaine, on a du mal à repartir. Cet hôpital a un charme, il est multiculturel. »

Quel avenir pour le métier ?

Comme beaucoup d’infirmiers, Carmen Martinez et Judio Goolam ne minimisent pas les difficultés inhérentes à leur métier et ont conscience des raisons qui poussent les professionnels à s’en détourner. « Ce n’est pas qu’une histoire de salaire, mais aussi de manque de personnel », analyse Carmen Martinez. 

Malgré tout, les opportunités offertes par le métier sont infinies. « Les soins infirmiers c’est un monde en soi : tu peux travailler avec les enfants, les adultes, les personnes âgées, les écoles, les crèches, en mission n’importe où, travailler au bloc opératoire, en privé, en libéral, devenir directeur de crèche… C’est un éventail de possibilités » reprend Carmen Martinez. « Pour une IBODE, les possibilités d’évolutions sont nombreuses : cadre de santé, infirmière hygiéniste ou en gestion des risques par exemple. » Judio Goolam voit encore plus loin : « Nous pouvons même faire l’école de médecine, pour évoluer. C’est stimulant. »