Entré au Centre Hospitalier de Saint-Denis en mars 1989, le Dr Arnaud SEVÈNE présente un parcours riche et éclectique. Titulaire d’un diplôme de médecine générale, mais aussi de médecine tropicale, de médecine maritime et d’un brevet de marine marchande, il débute sa carrière pour le compte d’une compagnie maritime. Il embarque en mer où il effectue plusieurs missions dans les océans indien, atlantique et en mer méditerranée (assistance maritime à la pêche, missions océanographiques…).
En parallèle, il étudie la sexologie, discipline qui le passionne. « A la fois holistique et très humaniste, l’approche du malade est singulière. La pratique clinique est de ce fait particulièrement intéressante ». Entre chaque mission maritime, Arnaud SEVÈNE effectue des remplacements en tant que généraliste en libéral et dans le service de médecine physique et de réadaptation de l’hôpital de Saint-Denis, alors implanté sur le site de Victor Hugo (Pierrefitte), jusqu’à y occuper un poste de faisant-fonction de praticien hospitalier (mi-temps). Il y prend plus particulièrement en charge les patients atteints de troubles vésico-sphinctériens et de la sexualité. « Les corrélations entre les systèmes vésico-sphinctériens urinaires, anal et sexuel sont nombreuses, notamment du point du vue anatomique et physiologique ».
Diplôme d’urodynamique en poche, il crée une unité dédiée dont il est encore aujourd’hui responsable. En 1996, il obtient son diplôme de praticien hospitalier ; fonction qu’il exerce à temps partiel. Son autre mi-temps se porte sur l’exercice de la médecine libérale à Paris, en grande partie orientée vers la sexologie. Plus tard, il prendra également la tête de l’unité d’hospitalisation à domicile de rééducation à l’hôpital Casanova, la première du genre en France.
Dès le début de sa carrière, il exerce dans divers secteurs qui le passionnent. Egalement diplômé d’une capacité de médecine et de biologie du sport, il devient médecin des équipes de France puis médecin fédéral à la fédération française de football américain.
Après une première école de sexologie - la Société Française de Sexologie Clinique (SFSC) - sa soif d’apprendre l’incite à en intégrer une seconde - l’Ecole Française de Sexologie (EFS) - où il obtient quelques années après la fin de ses études de médecine un premier prix pour son mémoire universitaire, grâce auquel il se fait rapidement connaître dans cette discipline. Il deviendra d’ailleurs directeur d’enseignement à l’université Paris V, puis à Paris VII où il exerce toujours.
« J’ai un goût prononcé pour la pratique hospitalière, qui permet une approche pluriprofessionnelle du patient. Peu après la création de la Maison des Femmes en 2016, j’ai quitté le cabinet de médecine libérale où j’exerçais principalement en tant que sexologue. J’ai alors rejoint la Maison des femmes avec l’envie de travailler différemment, dans un univers extrêmement enrichissant. Exercer le métier de sexologue dans ce cadre, c’était pour moi la certitude d’apporter beaucoup aux patientes du territoire, dont les parcours de vie sont particulièrement difficiles ». Un virage qui a d’autant plus de sens pour Arnaud SEVÈNE qu’il intervient depuis quelques années en tant que membre du comité exécutif auprès de la chaire de l’UNESCO « Santé sexuelle & Droits humains » (SS&DH).
La dimension pluridisciplinaire et transversale du soin tel qu’il est dispensé à la Maison des femmes permet d’intégrer et conjuguer tous les axes de la prise en charge (médicale, chirurgicale, psychologique, sociale, judiciaire...) au sein d’un même lieu. « Une approche extrêmement pertinente et parfaitement adaptée aux femmes excisées et victimes de violences sexuelles », estime-t-il.
Fréquemment reléguée au second plan et largement méconnue, la question de la santé sexuelle est fondamentale. Souvent associée à des représentations réductrices liées aux seuls dysfonctionnements sexuels, elle est en réalité bien plus large.
« Le travail du sexologue consiste à aborder la question sous tous les angles. Il intègre par exemple la thématique de l’égalité des droits entre les hommes et les femmes, souvent centrale pour les populations que nous accueillons. Nous travaillons également sur les représentations que les femmes peuvent avoir de la sexualité, souvent considérée sous le prisme de la contrainte (domination masculine, devoir conjugal, procréation, motif économique…). La question de la sexualité est souvent liée aux coutumes. Nous travaillons également autour du consentement à l’acte sexuel, en amenant les femmes à penser autrement et à s’interroger sur leurs droits et leur propre bien-être ».
La durée de la prise en charge - entre 2 mois et 2 ans - varie suivant la nature et l’ampleur du traumatisme psychique ainsi que le parcours de soins. Passionné par son métier, Arnaud SEVÈNE se dit admiratif de la capacité extraordinaire de résilience des femmes qu’il accompagne. Il salue l’engagement du Centre Hospitalier de Saint-Denis en faveur des plus précaires et des plus faibles. « En tant que sexologue, j’exerce dans des conditions optimales au sein d’une équipe et d'un établissement défendant une vision humaine de la médecine, où sont accueillies des spécialités encore peu mises en lumière dans le monde hospitalier ».
Il partage aujourd’hui son temps entre la Maison des femmes, son activité à l’hôpital Casanova et ses engagements extrahospitaliers. Il est notamment membre du conseil d’administration de la Société Française de Sexologie Clinique ou encore membre de l’association « Excision, parlons-en ! ». Nommé récemment président de la Confédération de Sexualité Humaine (CoSH), qui regroupe un ensemble d’associations et de fédérations impliquées dans la santé sexuelle, il envisage pour 2023 l’organisation d’un colloque autour du « consentement ».